Sade, attaquer le soleil
Musée dʼOrsay jusquʼau 25 janvier 2015par Hélène Norloff conférencière des Musées Nationaux, Historienne de lʼart
Extraits, de presse
« Donatien Alphonse François de Sade (1740-1814) a bouleversé l’histoire de la littérature comme celle des arts, de manière clandestine d’abord puis en devenant un véritable mythe. L’œuvre du « Divin Marquis » remet en cause de manière radicale les questions de limite, proportion, débordement, les notions de beauté, de laideur, de sublime et l’image du corps. Il débarrasse de manière radicale le regard de tous ses présupposés religieux, idéologiques, moraux, sociaux. » (Revue presse musée dʼOrsay)
Une ».. aspiration à une « liberté impossible » vers laquelle tendre malgré tout, cette rébellion contre tous les pouvoirs … c’est l’essence de l’esprit libertin : « Le libertinage n’est pas simple étourderie, fièvre de débauche, faiblesse d’un moment (…). Le libertin est quelqu’un qui se reconnaît dans ses égarements, persiste dans ses excès, et cherche à chaque rencontre prétexte à s’y livrer », analyse Chantal Thomas. De ce courant de pensée, Sade est le plus rigoureux, le plus inflexible représentant. « (Télérama 15/10/2014.)
Le musée dʼ Orsay, « … poursuit avec Sade son exploration de la face sombre de l’art et des hommes, du romantisme à aujourd’hui. Ce travail avait débuté en 2010 avec l’exposition Crime et châtiment conçue par Robert Badinter et Jean Clair. Puis, au printemps 2013, L’Ange du bizarre avait démontré l’importance de ce pan de la création où l’étrange est cultivé, où l’horrible est beau. Où, de Goya à Ernst, les pulsions s’expriment avec de moins en moins d’entraves ». (Le figaro 14/10/2014)
« … Rien de mieux que le choix dʼAnnie Le Brun comme commissaire, grande connaisseuse de lʼécrivain, pour conduire cet hommage illustré dʼœuvres de Goya, Géricault, Ingres, Rops, Rodin ou Picasso, pour aborder les chapitres de la férocité, de la singularité du désir, de lʼécart, de lʼextrême, du bizarre et du monstrueux…»Dense voire franchement touffue, lʼexposition, plongée dans une demi-obscurité, relie les écrits de Sade aux œuvres dʼart de toutes les époques. De la peinture dʼun Franz von Stuck aux dessins olé olé de Pierre Molinier, Francis Picabia ou Jean-Jacques Lequeu, le mélange des siècles et des artistes crée un circuit curieux, érudit, parfois pertinent, parfois un peu déboussolant « (source Télérama)
« Le parcours épouse le vertige de l’écriture sadienne grâce à des citations mises en regard des œuvres. Ces fulgurances très bien choisies trouent les plaquettes de bois sur lesquelles on peut les lire. Typographie idéale, donc. Et sauvagerie systématique pour la présentation générale. Car l’accrochage est un tourbillon d’époques, de styles, d’œuvres connues ou pas, artistiques ou documentaires, érotiques ou pornographiques, toutes allègrement mêlées. «Sade rencontre, révèle sinon aggrave ce qui agite l’expression plastique, résume Annie Le Brun. C’est-à-dire le désir et son pouvoir de métamorphose. Il incite à montrer ce qu’on ne peut pas dire.» Voilà dès lors mille scènes de tueries, rapts et viols. Les crimes abondaient déjà dans la mythologie de l’âge classique mais désormais l’homme seul en est responsable. » (Le figaro 14/10/2014)