Arts et Loisirs
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Conférence mardi 3 novembre 2015

Splendeurs et misères. Images de la prostitution en France (1850-1910)

Exposition : Musée d’Orsay du 22 septembre 2015 au 17 janvier 2016.

par Mme Karin de Cassini, Conférencière nationale, diplômée d’Etat

«Première grande manifestation consacrée au thème de la prostitution, cette exposition tente de retracer la façon dont les artistes français et étrangers, fascinés par les acteurs et les lieux de ce fait social, n’ont cessé de rechercher de nouveaux moyens picturaux pour en représenter réalités et fantasmes.
De L’Olympia de Manet à L’Absinthe de Degas, des incursions dans les maisons closes de Toulouse-Lautrec et Munch aux figures audacieuses de Vlaminck, Van Dongen ou Picasso, l’exposition s’attache à montrer la place centrale occupée par ce monde interlope dans le développement de la peinture moderne. Le phénomène est également appréhendé dans ses dimensions sociales et culturelles à travers la peinture de Salon, la sculpture, les arts décoratifs et la photographie.
A la fin du XIXe siècle, Paris est devenue, au gré des transformations sociales et de l’urbanisation, la Babylone des temps modernes. La figure de la courtisane, demi-mondaine entretenue, simple cocotte ou fille de maison close fascine et inspire tous les artistes, écrivains et musiciens… »
Source : http://www.musee-orsay.fr/

… « Au XIXe siècle, la prostitution sort des maisons closes, où elle est étroitement encadrée, pour envahir l’espace public : rien ne distingue plus femme honnête et femme vénale, une ambiguïté qui inspire les artistes. En haut de l’échelle de l’amour tarifé, des femmes puissantes font la pluie et le beau temps en matière de mode et de goût. Dans l’imaginaire décadent du XIXe siècle, la prostituée et la femme en viennent à ne représenter qu’un seul et même être, menaçant et qui incarne tous les vices ».
Source : http://www.lepoint.fr/

« Protéiforme et insaisissable, la prostitution est présente dans la société parisienne du dix-neuvième siècle. Dans le sillage de Baudelaire, les artistes voient en elle le sujet moderne et antiacadémique par excellence.
Pierre angulaire du système réglementariste qui entend exercer un contrôle strict sur la prostitution, alors considérée comme un « mal nécessaire », la maison close fascine plusieurs générations de peintres. Dans des représentations souvent plus proches du fantasme que des faits observés, Constantin Guys, puis Edgar Degas, Henri de Toulouse-Lautrec ou Emile Bernard suggèrent tantôt l’atmosphère fiévreuse du bordel, tantôt l’intimité des pensionnaires avant l’arrivée du client…
…Loin de se cantonner à des lieux dédiés, la prostitution envahit l’espace public tout au long du dix-neuvième siècle. Sur le boulevard, au théâtre ou à l’opéra, il est souvent difficile de distinguer les femmes honnêtes des femmes vénales… Moins encadrés que les maisons de tolérance, les cafés, brasseries à femmes, et cafés-concerts voient se développer de nouvelles formes de prostitution… Le raffinement de leurs toilettes et les décors luxueux des hôtels particuliers qu’elles font construire ou aménager brouillent les frontières entre monde et demi-monde. Leur parcours fulgurant, qui débute souvent sur les planches, les érige en modèles aux yeux des jeunes actrices ou danseuses. Mais c’est aussi la haute société qui lorgne du côté des femmes entretenues, prescriptrices en matière de mode et de goût. Ces puissantes femmes « fatales », qui mettent à mal la domination masculine, ressurgissent dans des œuvres allégoriques de Félicien Rops ou de Gustav Adolf Mossa. Dans l’imaginaire symboliste et décadent de la fin du siècle, la prostituée et la femme en arrivent à former une entité indistincte et menaçante, incarnation de tous les vices… »
Source : http://slash-paris.com/

« …La prostitution. Ah, Paris avait mondialement une haute réputation en ce domaine dans la seconde moitié du XIXe siècle et à la Belle Époque !
Depuis la loi de 1829, la prostituée était cachée et se devait de pratiquer dans des lieux clos. Paris compta en 1878 jusqu’à 128 maisons de tolérance… Paradoxalement, malgré cette loi, de toute évidence débordée par la réalité, la deuxième moitié de ce siècle allait devenir l’âge d’or, si l’on peut dire, de la représentation de la prostitution dans les lettres comme dans les arts…
Il faut souligner aussi que certaines de ces femmes étaient assez souvent d’une grande proximité pour les artistes, régulièrement leurs modèles (Renoir à Montmartre), leurs amies, voire bien entendu les compagnes des misères comme des fêtes qui composaient aussi bien la vie de Bohème des jeunes désargentés que les réjouissances sans limites de quelques-uns des riches amateurs et premiers collectionneurs, avides d’événements, de beautés et de plaisirs. Une époque aussi pendant laquelle c’était la femme entretenue, et non l’épouse, avec laquelle le bourgeois viveur se montrait… et se devait donc de la parer des signes éclatants de sa réussite sociale. Un climat, dirons-nous.
Les courtisanes, dites de « haute prostitution », couronnent, par leur présence et leurs atours exceptionnels et spectaculaires, le nec plus ultra de l’enrichissement de leur client. »

Source : http://www.evous.fr/