Signac collectionneur
Musée d'Orsay : Du 12 octobre 2021 au 13 février 2022par Sandrine Faucher
En savoir plusArtiste autodidacte, Paul Signac a su, par son talent et son travail, se hisser au Panthéon des peintres les plus connus de sa génération. Ce passionné de l’art ne se contentait pas de créer. Il gardait un œil attentif sur les œuvres de ses confrères et achetait celles qu’il considérait ayant le plus de valeur pour sa collection personnelle. Cette soigneuse sélection a donné naissance à une collection exceptionnelle, dévoilée du 12 octobre 2021 au 13 février 2022 par le Musée d’Orsay.
Près de 150 tableaux sont mis en avant dans cette exposition, retraçant l’évolution de Paul Signac en tant qu’artiste et collectionneur. De ses débuts de jeune artiste (…) à ses amitiés de plus en plus nombreuses avec les autres peintres impressionnistes de l’époque, on voit se dérouler la vie de Signac.
Comme l’explique la co-commissaire de l’exposition Charlotte Hellman, descendante de Signac et responsable de ses archives : « Il vient d’une famille bourgeoise et bénéficie d’un certain confort matériel. Son regard est celui d’un historien qui veut montrer, dans ses acquisitions, qu’il existe une espèce de progression en art ». Ainsi il pense que le fauvisme trouve sa source dans le post-impressionnisme.
Rencontrant Georges Seurat (1859-1891) dès 1884, il est convaincu par son exemple que la peinture doit désormais traiter formes et volumes par juxtaposition de points colorés séparés. Après la mort précoce de Seurat, il demeure fidèle à cette manière, qu’il applique avec autant de constance à l’aquarelle sur papier qu’à l’huile sur toile. Aussi joint-il à son activité créatrice un rôle de fédérateur : il se veut le chef d’une école, dont il publie la doctrine, en 1899, dans son essai : D’Eugène Delacroix au néo-impressionniste.
S’il privilégie souvent les œuvres de ses amis néo-impressionnistes, celles de Georges Seurat, de Camille Pissarro, de Maximilien Luce ou d’Henri-Edmond Cross en particulier, il s’intéresse aussi à celles des Nabis, Pierre Bonnard, Edouard Vuillard, Ker-Xavier Roussel, Maurice Denis et Félix Vallotton.
Réunie tout au long d’une vie trépidante, la collection de Paul Signac reflète ses goûts, ses aspirations, ses engagements, ses amitiés. Parfois sa colère et, toujours, son appétit de peintre !
La collaboration avec les archives Signac, qui conservent, outre la correspondance de l’artiste, les carnets où il consignait ses achats, permet d’établir un recensement précis des peintures, dessins et estampes qui lui ont appartenu.
Depuis une quinzaine d’années, le collectionnisme suscite un regain d’intérêt, et est à l’origine de nombreuses études, expositions et publications. Dans ce cadre, la collection Signac est un véritable cas d’école car elle reflète le regard et les partis-pris d’un artiste particulièrement actif sur la scène artistique de son temps.
A signaler : « Les Nuits de France Culture », l’épisode consacré à Paul Signac « La Nuit Paul Signac », de Philippe Garbit.