Figures du Fou
Exposition du 16 octobre 2024 au 3 février 2025 au musée du Louvrepar Paul Guillon
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Des fous partout ! C’est face à la prolifération de ces figures dans l’art d’Europe du Nord, du XIVe au XVIe siècle, que deux conservateurs du Louvre, Élisabeth Antoine-König et Pierre-Yves Le Pogam, ont eu l’idée de leur consacrer une exposition.
L’une des deux commissaires de l’exposition, Elisabeth Antoine-König, explique que « le but est de donner une vision kaléidoscopique de ce personnage qui est tantôt symbolique, tantôt réel ».
Elle ajoute : « les fous sont absolument partout. Ils permettent d’avoir une vision intime et rapprochée de la pensée, de la culture et de l’art du Moyen Âge et de la Renaissance, ce moment de passage vers les temps modernes. Le fou est une figure clé, témoignant de l’évolution de notre histoire ».
« Infini est le nombre des fous » Ecclésiaste, chapitre I, 15 Au commencement était « l’insensé », pauvre fou dépourvu de sagesse qui se détourne de Dieu. Relégué dans les marges, il sort de la sphère religieuse au cours du Moyen Âge pour s’épanouir dans le monde profane et devenir tour à tour celui qui divertit, met en garde, dénonce, inverse les valeurs, voire renverse l’ordre établi.
Ils s’appellent Coquinet, sot du duc Philippe de Bourgogne, ou Triboulet, bouffon de René d’Anjou. Pock le « naturel » et le difforme Kunz van der Rosen comptent, eux, parmi les figures de la cour de l’empereur Maximilien Ier. Claus von Rannstedt est, quant à lui, le bouffon du prince électeur de Saxe. Ceux-là sont si fameux qu’ils ont droit à leur portrait peint ou en médaille. Mais la plupart, ceux qui peuplent les tableaux de Bosch et de Brueghel, drôles de villages ou benêts des campagnes, est anonyme.
Au travers d’un labyrinthe de plus de trois cents chefs-d’œuvre, sculptures, médailles, enluminures, tapisseries et gravures, cette riche exposition brosse son portrait détaillé, opposant hérétiques et non-croyants, vierges folles et figures d’exclus à Saint François d’Assise, le jongleur de Dieu, ou à Charles VI dont tout le règne fut miné par ses crises de démence. De Bosch à Bruegel, nous assistons au triomphe des aliénés à la Renaissance avant qu’ils ne soient éclipsés par la raison au Siècle des Lumières. Mis au ban de la société, les fous renaissent enfin de leurs cendres sous la plume de Victor Hugo avec Quasimodo.
En proie à la fièvre, nous nous rappelons comme « il est bon quelquefois d’oublier la sagesse » pour goûter à cette fantastique exposition.
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A signaler :
Jacques Lœuillle, « Le Temps des fous »,
2023, Arte, 52 min. Documentaire coproduit par Arte France, Artline Films, Musée du Louvre et Pictanovo.
https://www.arte.tv/fr/videos/122835-000-A/les-figures-du-fou-s-exposent-au-louvre/