« Icônes de l’Art moderne. La collection Chtchoukine »
Exposition à la Fondation Louis Vuitton du 20 octobre 2016 au 20 février 2017.par Monsieur Jérôme Buisson, Enseignant en histoire de l’art et histoire des idées au sein d’Universités françaises et américaines.
« À Paris, au début du XX ème siècle, il n’est pas un peintre ou un marchand d’art qui ne connaisse ce riche commerçant russe amateur de peinture. De 1898 à 1914, Chtchoukine rassemble chez lui, à Moscou, une collection de 258 tableaux qui deviendront les classiques du XXèmesiècle : 38 Matisse, 49 Picasso, des Gauguin, des Van Gogh, des Cézanne, des Monet… Et quand Chtchoukine ouvre sa collection au public, il crée tout simplement le premier musée d’art moderne au monde. Mais après la Révolution de 1917, Chtchoukine doit fuir Moscou, laissant son musée derrière lui.
Sa collection sera d’abord nationalisée puis dispersée. Un siècle d’oubli plus tard, ce documentaire déploie le roman d’une vie traversée par les soubresauts de l’Histoire et raconte le tragique destin de cette extraordinaire collection et sa redécouverte. «
Dimanche 30 octobre à 17h25 Réalisation : Tania Rakhmanova.Auteur :Natalia Semenovacoproduction :Arte production Slow production, Fondation Louis Vuitton
.. » Réunir ces œuvres a été un travail de longue haleine entre différents acteurs, à commencer par le petit fils du collectionneur, André-Marc Delocque-Fourcaud. Ce dernier se met en tête de réunir l’immense et prestigieuse collection de son grand-père, dispersée en 1948 entre le Musée des Beaux-Arts Pouchkine et le musée de l’Ermitage.
Né en 1854 à Moscou et décédé en 1936 à Paris, Serguei Chtchoukine commence à acheter des œuvres impressionnistes et postimpressionnistes après un voyage dans la capitale française.
Il entretient une relation particulière avec Matisse, qui crée pour lui le tableau « La Danse ». Un homme d’affaires talentueux, avec l’œil du collectionneur. « Un bon un exemple pour les business en France, en Russie et dans le monde », selon Mikhail Piotrovski, directeur du musée de l’Ermitage, pour qui cette exposition signifie que « l’art et la culture sont au-dessus de la politique et l’économie ».
https://fr.sputniknews.com/points_de_vue/201610211028316817-collectio-chtoukine-paris/
« On voit clairement dans le parcours de l’exposition de quelle manière il démarre sur une base classique qui rassure. Ensuite il bifurque pour chasser en terrain symboliste et postimpressionniste, Redon, Signac ou Van Gogh. Puis il pousse le bouchon plus loin. En moins de vingt ans, le Russe embrasse, par paliers chronologiques, le panorama complet de l’art moderne français, de l’impressionnisme à l’avant-garde. On est au début du XXe siècle, Picasso vit sans le sou à Montmartre. Cézanne passe pour un raté et Matisse, chef de file du fauvisme, provoque le scandale. »
http://www.telerama.fr/scenes/icones-de-l-art-moderne-la-collection-chtchoukine,149432.php
« Le plus étonnant est que nombre de ces acquisitions vont contre le propre goût de Chtchoukine porté vers les toiles symbolistes ou romantiques, tels Edward Burne-Jones ou Maurice Denis, présentées dans la chapelle du palais.
« Picasso le choque, ça le torture », souligne Anne Baldassari, ancienne directrice du Musée Picasso. De même, après avoir commandé à Matisse des panneaux monumentaux sur la « Danse » et la « Musique », il s’effraie du scandale suscité par ces œuvres lors du Salon d’automne, renonce à les acheter, puis change d’avis, pris de remords(…)
…Contrairement à son ami Ivan Morosov, autre grand amateur d’art, Chtchoukine a très tôt le souci de faire découvrir sa collection au plus grand nombre.. «
http://culturebox.francetvinfo.fr/arts/expos/la-collection-chtchoukine-en-130-chefs-d-oeuvre-a-la-fondation-vuitton-247543
… » En 1914, la collection de cet amateur russe, déjà légendaire, se compose de 16 toiles majeures de l’exilé des Marquises. Et d’autres, tout aussi sidérantes: 8 Cézanne, 13 Monet, 19 Marquet, 16 Derain, 41 Matisse et 5 Picasso! Sans oublier des oeuvres d’Edward Burne-Jones, Eugène Carrière, Gustave Courbet, Maurice Denis, Edgar Degas… Tous les dimanches matin, puis jusqu’à trois jours par semaine, Chtchoukine assure lui-même les visites. Il accueille les intellectuels, amateurs, critiques et étudiants qui n’ont pas les moyens de se rendre à Paris, alors la Mecque de l’avant-garde internationale. Explique sa flamme, commente ses coups de cœur, essaie de convaincre. »
« Mais les réactions restent mitigées, pour ne pas dire hostiles, comme s’amuse à les décrire le peintre et historien d’art russe Alexandre Benois: «Les nouvelles acquisitions de S.I. Chtchoukine ont ranimé à Moscou les cancans selon lesquels le collectionneur n’avait pas toute sa tête et, à côté des haussements d’épaules navrés, fleurissent les sourires entendus des sceptiques […], persuadés qu’il commet ces folâtreries et ces extravagances pour qu’on parle de lui.» Les habitués ont fini par apprécier les peintres impressionnistes, par accepter Gauguin et Van Gogh, par digérer Cézanne, mais ils restent horrifiés devant la peinture «simpliste» de Matisse et, pire encore, de Picasso et des cubistes rassemblés dans une sorte de chapelle: «Non, ça, c’est trop! Jusqu’où ira-t-on?» Matisse aussi ressort totalement effaré de sa première visite en 1911. Pour une tout autre raison : les œuvres sont exposées dans des pièces saturées de meubles, accrochées à touche-touche jusqu’au plafond surchargé de stuc et lourdement encadrées. Il découvre également que, par pudibonderie, Chtchoukine a fait recouvrir de peinture, sans l’en avoir informé, le sexe du flûtiste qui figure sur son immense panneau «La musique»! »
http://www.parismatch.com/Culture/Art/Collection-Chtchoukine-la-revolution-par-l-art-1096886
« C’est un cadeau magnifique que la Russie nous fait […], comme si la France prêtait à la fois la Joconde, la Vénus de Milo et Le Radeau de la Méduse », estime Jean-Paul Claverie, conseiller de Bernard Arnault. Le patron de LVMH s’inscrit dans la filiation du riche industriel et mécène russe, 100 ans après l’acquisition de la dernière œuvre de sa collection.