Jeanne Lanvin
Exposition au Musée Galliera du 8 mars au 23 août 2015.par Monsieur Jean-Pierre Constant, Docteur ès Lettres et Arts, Conférencier, Chargé de cours à l’Université.
En savoir plus« Le Palais Galliera, en étroite collaboration avec Alber Elbaz, directeur artistique de la Maison Lanvin, célèbre la plus ancienne maison de couture française encore en activité. Consacrée à Jeanne Lanvin (1867-1946), cette première rétrospective parisienne réunit une centaine de modèles.
En 1885, Jeanne Lanvin commence comme couturière apprentie chez Madame Bonni, modiste. Son surnom est le petit omnibus. Car Jeanne court derrière l’omnibus pour économiser le prix du billet. Mademoiselle Jeanne ouvre sa propre boutique de modiste « Lanvin (Mlle Jeanne) Modes » en 1889 au 16 rue Boissy d’Anglas puis dès 1893 au 22 rue Saint du Faubourg Saint Honoré, encore actuellement le siège de la société.
Quand sa fille, Marguerite, dite Marie-Blanche, naît en 1897, Jeanne est bouleversée. Elle a trente ans, âge avancé en cette fin de XIXe siècle pour devenir maman. Son mariage, l’année précédente, avec le comte Emilio di Pietro, aristocrate italien, bat déjà de l’aile. Marguerite devient sa première source d’inspiration, sa muse… La modiste entrevoit soudain un nouvel horizon en 1908 : le vêtement d’enfant. « Qu’à cela ne tienne, la couturière dessine pour sa « Ririte » une garde-robe taillée dans les plus nobles étoffes : crêpe de soie, mousseline, satin de coton, dentelle, lainage. Elle ose des coupes réservées jusque-là aux « dames » et des couleurs « excentriques », le noir par exemple, bien avant sa rivale, Coco Chanel. « Total look » révolutionnaire qui restera une constante chez Lanvin. Elle crée, l’année suivante, un département jeune fille et femme.
Jeanne Lanvin adhère alors au Syndicat de la couture et entre dans le monde très fermé des « Maisons de couture ». Suivent les départements mariée, lingerie, fourrure et dès le début des années 1920, ouvrent les départements décoration et sport…
En 1926, la femme d’affaires part à l’assaut de la mode masculine. Elle ouvre aussi des succursales à Deauville, Biarritz, Barcelone, Buenos-Aires, Cannes, Le Touquet…
Le Logo Lanvin…C’est lors d’une soirée costumée, réjouissance très prisée à la Belle Epoque, que l’objectif d’un photographe fixe l’image de Jeanne et de Marguerite âgée de dix ans, dansant parées de la même robe, coiffées de la même tiare. Lorsqu’en 1924, la maison Lanvin demande au journaliste et illustrateur Paul Iribe de lui concevoir un logo, il s’inspire naturellement de cette scène empreinte d’amour maternel, résumant le propos de l’enseigne Lanvin.
Ce logo est retravaillé en 1927, par Armand-Albert Rateau, maître d’œuvre de l’hôtel particulier que Jeanne fait ériger rue Barbet-de-Jouy. Mère et fille sont cette fois gravées sur le flacon boule d’Arpège, parfum imaginé par Jeanne pour les trente ans de Marguerite devenue Marie Blanche de Polignac avec la complicité d’un nez inconnu André Fraysse.
La Robe Lanvin : Jeanne Lanvin, c’est l’art de la matière et de la transparence, des broderies, surpiqûres, entrecroisés, spirales, découpes : la virtuosité du savoir-faire. C’est un parfait classicisme à la française avec des robes de style très XVIIIe – buste affiné, taille basse, jupe gonflée – dialoguant avec la ligne « tube » de l’Art déco, ses géométries en noir et blanc, ses profusions de rubans, cristaux, perles, fils de soie. … Entre fêtes galantes et crinoline, la robe Lanvin fait le succès des jeunes filles des années vingt lors des cérémonies, garden-party, soirées mondaines… Des actrices, comme Yvonne Printemps ou Raquel Meller se laissent tenter par cette allure : corsage ajusté, jupe évasée souvent longue.
….« Quant au nom de Lanvin, il était lié, pour moi, au souvenir des jeunes filles en robe de style… Dans les bals, elles étaient toujours les mieux habillées » : écrira Christian Dior.
Les couleurs Lanvin : Le bleu Lanvin, le Vert Velasquez, le Rose Polignac inspirés par ses voyages ou sa fille deviennent ses couleurs. Si le noir et le blanc marquent les collections des années 1910, Jeanne Lanvin a une prédilection pour les couleurs. C’est à Florence, en contemplant la fresque de Fra Angelico qu’elle fait du bleu quattrocento sa couleur fétiche « Le bleu Lanvin ». Ce goût pour les couleurs l’amène à installer son propre atelier de teintures à Nanterre en 1923.
Armand-Albert Rateau, le décorateur attitré : C’est chez le couturier Paul Poiret, que Jeanne Lanvin fait la connaissance d’Armand-Albert Rateau, architecte décorateur. Cette rencontre s’avère de grande importance. Avec lui et toujours en avance sur son temps, elle ouvre « Lanvin décoration » en 1921. Cette année là, ensemble, ils décorent le théâtre Daunou de dorures et de bleu Lanvin que l’on peut encore admirer aujourd’hui. »…
Source : http://www.palaisgalliera.paris.fr/ et http://evene.lefigaro.fr/-