Pierre Bonnard. Peindre l’Arcadie
Exposition : Musée d’Orsay du 17 mars au 19 juillet 2015par Mme Karin de Cassini, Conférencière nationale, diplômée d’Etat
« Après les nombreuses expositions consacrées à Bonnard dans le monde entier, le musée d’Orsay, qui gère son oeuvre, se devait de lui consacrer une rétrospective. Le parcours s’articule autour de huit sections: japonisme, intimité, imprévu, photographie, portraits, jardin sauvage, couleur, grands décors.
Du tableautin au grand format, du portrait à la nature morte, de la scène intime au sujet pastoral, du paysage urbain au décor antique, l’œuvre de Bonnard nous révèle un artiste instinctif et sensible. Sa palette aux couleurs vives et lumineuses en fait l’un des principaux acteurs de l’art moderne et un représentant éminent du courant arcadien.
Son sens aigu de la lumière, son attrait pour les couleurs vives et l’utopie du Midi, ressentie comme un paradis antique retrouvé, l’ont conduit à représenter sa vision de l’Arcadie. Le peintre y exprime sa propre vision de l’Arcadie, de sorte qu’il est aujourd’hui considéré comme l’un des principaux acteurs de l’art moderne et un représentant incontournable du courant arcadien. »
Source : http://www.culture-first.fr/
« La vie et l’œuvre de Pierre Bonnard (1867-1947) offrent une apparence illusoire de calme et de limpidité. Il se joint en 1889 au groupe des Nabis, mais s’en éloigne rapidement. De même, il se libère de l’influence, prédominante sur lui, de Gauguin, des impressionnistes et des symbolistes, pour poursuivre sa démarche personnelle ; il lira cependant les poèmes symbolistes de Mallarmé toute sa vie.
L’art japonais traditionnel, qu’il a pu apprécier pour la première fois en 1890 lors d’une exposition d’estampes à l’École des beaux-arts de Paris, demeure dans ses composantes essentielles, la référence à laquelle il restera le plus fidèle, ce qui lui vaudra le titre, donné par Maurice Denis, de « Nabi le plus japonard ». Cet apport se lit dans le choix de ses thèmes – la femme, la nature, les fleurs, les fruits, tout ce qui est fragile, évanescent, et aussi éternel -, mais surtout dans le traitement de la perspective, fondée sur la théorie du « double point de vue », c’est à dire une alternance de plans horizontaux et verticaux.
Bonnard affirme l’originalité de son style dès 1895 à travers sa réflexion sur les théories de l’art et, malgré la séduction évidente des couleurs et les thèmes, sa peinture se réfère à l’ordre du cognitif et du discursif, évident dans Effet de glace ou le Tub, 1909 (coll. Part., Winterthur), ou dans la série de ses autoportraits. Complexe, riche en nuances et en contradictions, elle suscite, sous des aspects trompeurs de joliesse et d’intimité bourgeoise, un réveil permanent de l’esprit. Les deux guerres mondiales, vécues dans une certaine retraite, n’altèrent pas son rythme de travail, mais elles le touchent au plus profond de son être. Son influence reste fondamentale dans l’art du XX° siècle par sa remise en question de la représentation traditionnelle de l’espace. Elle se porte jusqu’à l’avant-garde russe avec Malevitch.
En définissant l’espace pictural par des lois qui lui sont propres, indépendantes de la vision subjective et spontanée de l’homme, en revalorisant la surface du tableau grâce à ce que Mallarmé appelait « la perspective artistique » – qu’il admirait dans l’œuvre de Manet-, Bonnard annonce l’abstraction. Il applique ces règles nouvelles au domaine des intérieurs, ou de paysages aux couleurs lyriques- qu’il peint sur de très grands formats de 1926 à 1928-, et aussi aux nus et aux portraits des êtres proches, sa compagne Marthe, son ami Signac, ses animaux aussi, qu’il aimait particulièrement. Il exécute de 1938 à 1945, dans les temps de malheur de la Seconde Guerre mondiale, qui lui font penser que le monde devient fou », cinq autoportraits d’une rigueur sans complaisance sur sa destinée.
Parmi les œuvres de Bonnard nous pouvons citer :
– Le Peignoir (vers 1890), exemple du « synthèse des arts » qui donna naissance à l’Art nouveau
– la Promenade, 1899
– la Petite Blanchisseuse, 1896 »
Source : Histoire de L’Art. Du moyen Âge à nos jours ; Edition Larousse, essais et documents
Quelques mots sur l’Arcadie et le courant pictural Arcadien:
Arkadhía : Ville de la Grèce antique. La population de l’Arcadie Antique était faite de pasteurs. Elle résista à l’hégémonie de Sparte. Arcadie symbolise un séjour dans le bonheur. (Larousse).
Parallèlement à la tendance littéraire, dont la poésie bucolique fut l’expression, le mouvement Arcadien fleurit dans le domaine de la peinture : les tableaux et les dessins représentaient des bergers dans un paysage bucolique et idyllique sur fond de forêts et de collines. Le plus bel exemple, est au 17ème siècle, le peintre français Nicolas Poussin (1594 -1665) inspiré par ce mouvement artistique qui a peint l’ un de ses meilleurs tableaux, » Les bergers de l’Arcadie » ou » ET IN ARCADIA EGO » (1647).
Source : http://arcadia.ceid.upatras.gr/