Arts et Loisirs
L’Association « les Conférences Arts et Loisirs » est une association régie par la loi de 1901 ayant une vocation culturelle.
Les programmes
Le Pérugin,Vierge à l'enfant © Courtesy National Gallery of Art Washington Le Pérugin,Vierge à l'enfant © Courtesy National Gallery of Art Washington
Conférence mardi 2 décembre 2014

Le Pérugin, le maître de Raphaël

Exposition au Musée Jacquemart-André du 12 septembre 2014 au 15 janvier 2015

par M. Serge Legat, conférencier des Musées nationaux et au club de l’Art, Professeur à l’Ecole d’Architecture de Paris-Val de Seine.

En savoir plus

«…. Le musée Jacquemart-André, à Paris, rend (enfin) justice à l’un des plus grands maîtres oubliés de la Renaissance italienne. Somptueux.
Était-il ou non le maître de Raphaël ? Dans quelle mesure l’influença-t-il ? Quelles similitudes entre les deux peintres ? S’il est une exposition de la rentrée qui ne manque pas d’opposer les experts et d’attiser la polémique, c’est bien celle-ci. Mais qu’importent les querelles d’historiens si exposer Le Pérugin est – aussi – l’occasion de réunir à Paris les panneaux raphaélites du polyptyque de San Pietro, que se partagent habituellement les musées des Beaux-Arts de Nantes et de Rouen ?
On se réjouit donc de (re)découvrir ce ténor de la Renaissance italienne, que ses contemporains considéraient comme « le plus grand maître d’Italie ». En huit salles et une cinquantaine d’oeuvres, on retrace ainsi le parcours de ce peintre, longtemps – et injustement – resté dans l’ombre.

Originaire de la région de Pérouse – d’où son surnom -, Pietro di Cristoforo Vannucci (1448-1523), dit Le Pérugin, a d’abord étudié auprès d’un maître ombrien – probablement Piero della Francesca -, avant d’arriver à Florence. Le titre de « maestro » lui est accordé dès 1472 dans le document officiel qui l’intègre avec Vinci dans la guilde des peintres florentins. Il côtoya sans doute Léonard de Vinci dans l’atelier du maître Andrea Verrocchio, l’un des plus renommés de la ville. Très vite, à l’instar de Léonard, il adopte la peinture à l’huile.

L’homme est au centre du monde
En 1481, il fait partie des quelques artistes, aux côtés de Botticelli et Ghirlandaio, sélectionnés par Laurent le Magnifique pour se rendre à Rome et participer au décor de la chapelle Sixtine. Avec Pinturicchio (1454-1513), il y réalise Le Baptême du Christ et Moïse voyageant en Égypte. L’Assomption de la Vierge, qui figurait sur le mur du fond de la chapelle, fut, quant à elle, recouverte par Le Jugement dernier de Michel-Ange, qui n’appréciait guère son confrère.

D’une pièce à l’autre de l’hôtel Jacquemart-André, on suit la modernité de ce peintre qui imposa le Risorgimento avant l’heure, n’hésitant pas à unifier les styles de ses différentes régions de formation.

Avec Le Pérugin, on passe des fonds d’or aux figures et paysages détaillés : l’homme est au centre du monde. Après les somptueux paysages ombriens, les douces madones et le remarquable portrait de l’artisan Francesco delle Opere, qui traduit à lui seul tout le savoir-faire technique du Pérugin, les deux dernières salles sont dédiées à l’étude des relations du Pérugin et de Raphaël, dont les oeuvres attestent une grande proximité stylistique.
Selon la plupart des historiens de l’art, les éléments du Retable de saint Nicolas de Talentino, (exceptionnellement réunis pour l’occasion – il est habituellement divisé entre Brescia, Naples et Paris -), tout comme le dessin préparatoire, illustrent la forte influence du Pérugin sur l’art de Raphaël ; Délicatesse des traits, similitude des poses, drapés aux plis marqués… Tout porte en effet à croire que le premier fut un jour le maître du second. À l’oeil avisé d’en juger. »

Source : http://www.lepoint.fr/culture/exposition-le-perugin-sort-de-l-ombre-21-09-2014-1865152_3.php Par VICTORIA GAIRIN