Edvard Munch. « Un poème de vie, d’amour et de mort »
Musée d'Orsay :: 20 septembre 2022 - 22 janvier 2023Christian Monjou
En savoir plusForce est de constater qu’un artiste peut être mondialement célèbre et être paradoxalement l’auteur d’une œuvre méconnue. Edvard Munch souffre en effet d’une maladie bien rare, celle d’avoir été réduit à une seule image : Le Cri. Une toile rapidement élevée au rang d’icône au point d’éclipser l’intégralité de son œuvre. Pour réhabiliter définitivement la figure du peintre norvégien dans l’Histoire de l’art, le musée d’Orsay lui consacre une vaste rétrospective articulée autour de 150 chefs-d’œuvre… à l’exception du Cri qui n’a pu faire le déplacement jusqu’à Paris.
https://www.arts-in-the-city.com/2022
À l’instar des autres grandes figures qui animent et animeront les révolutions plastiques qui allaient révolutionner l’art pictural en Europe à la fin du XIXe et au début du XXe, il se heurte au scepticisme et à la critique violente de ses contemporains. Et cela d’autant que pour lui, peindre est une affaire sérieuse, une quasi-vocation sacerdotale. : « Je vais peindre une série de tableaux de ce genre. Les gens en comprendront la dimension sacrée et ils enlèveront leur chapeau comme à l’église. »
(…)Pour Edvard Munch, la peinture se doit donc d’être «… autre chose que la simple photographie de la nature Nous ne voulons pas non plus peindre de jolis tableaux à accrocher aux murs du salon. Nous voudrons un art qui nous prend et nous émeut. Un art qui naîtrait du cœur ».
L’exposition montre sous un jour passionnant, rarement expliqué, le côté éminemment cyclique de l’art du Norvégien, tout comme sa vie le fut, entre période de désespoir, alcoolisme, énergie et rage de travail(…)
Plus ses obsessions, ou ses enthousiasmes (comme le baiser du vampire, l’enfant esseulé, la mort de la sœur, ou l’amour passionnel) sont repris, retravaillés dix ou vingt ans plus tard, plus sa technique invente, devançant son siècle et préfigurant l’expressionnisme.
https://www.telerama.fr/sortir/
S’en tenir à un ordre chronologique strict n’aurait donc pas grand sens et la commissaire de l’exposition, Claire Bernardi, s’en affranchit, lui préférant des vis-à-vis et des voisinages qui sont autant d’invitations à comparer et à s’étonner. Cette attention au processus créateur et à ses rythmes est d’autant plus appuyée que voisinent parfois plusieurs états d’un même sujet traité par la peinture, le dessin, la lithographie et la gravure sur bois.
Cette présentation d’ampleur(…) invitera le visiteur à revoir dans sa globalité l’œuvre du peintre norvégien en suivant le fil d’une pensée picturale toujours inventive : une œuvre à la fois foncièrement cohérente, voire obsessionnelle, et en même temps constamment renouvelée.